le monde va changer de base

Le Manifeste - N° 7 - Juin 2004

 

L’impasse irakienne
 

La justification de la guerre en Irak par le mensonge sur les « armes de destruction massive » a vite tourné au fiasco. Plus personne n’y croit.

Quant aux liens supposés entre Al Qaïda et Saddam Hussein, il est clair qu’ils ont été purement et simplement inventés. Al Qaïda n’était pas active en Irak avant l’intervention étasunienne – mais elle l’est sans aucun doute aujourd’hui ! Privée de ces vieilles excuses, l’administration étasunienne s’est rabattue sur l’argument selon lequel son objectif était de « libérer » le peuple irakien de la dictature de Saddam Hussein et de lui faire goûter aux joies de la démocratie et de la civilisation occidentales. Les révélations sur la torture systématique et généralisée des prisonniers irakiens achève de réduire cet argument à l’état de cendre.

Le spectre
du Vietnam

Ces révélations auront de lourdes conséquences sur la situation en Irak et aux États-Unis. Elles auront pour effet d’accélérer le glissement de l’opinion américaine vers l’opposition à la guerre. Malgré la pression des médias, les sondages d’opinions indiquent déjà que ce processus est en marche. Or, quand bien même Bush serait battu aux élections de novembre, le démocrate et démagogue J. Kerry ne semble pas disposé à retirer les troupes d’Irak. Dans cette perspective, la jeunesse et les travailleurs américains devront reprendre le chemin de la lutte, et des manifestations massives seront à l’ordre du jour.
Par ailleurs, quelques semaines après le déclenchement d’un mouvement insurrectionnel sur l’ensemble de l’Irak, les actes de barbarie infligés aux prisonniers irakiens ne peuvent qu’attiser la colère du peuple et renforcer sa détermination à chasser la coalition coûte que coûte.
Enfin, les insurgés irakiens, appuyés par l’écrasante majorité de la population, « se battent avec un courage fanatique parce qu’ils croient passionnément à la justesse de leur action. Peut-on en dire autant des soldats américains ? C’est extrêmement douteux » comme l’écrit Alan Woods. Dores et déjà, au sein de l’armée américaine, les cas de désertion et de contestation ouverte se multiplient. La question du traitement des prisonniers ne peut que renforcer la révolte d’un nombre croissant de soldats américains, auxquels on avait dit qu’ils partaient en Irak pour une « promenade de santé ».
Entre la montée de l’opposition à la guerre aux États-Unis, la résistance acharnée du peuple irakien et la déprime qui gagne l’armée américaine, c’est bien le spectre du Vietnam qui hante la Maison Blanche.

Jérôme Métellus