le monde va changer de base

Le Manifeste - N° 7 - Juin 2004

 

Afghanistan
L’autre bourbier
 

À l’impasse de l’impérialisme américain en Irak s’ajoute le chaos afghan. Les médias n’en parlent presque plus, évoquant de temps en temps la « normalisation » d’un pays où ne se produiraient, ici et là, que quelques « incidents ».

D’après les mêmes informateurs, la démocratie, l’économie et le bien-être sont supposés y fleurir prochainement.
En réalité, les forces américaines ne contrôlent pas l’Afghanistan, dont l’instabilité s’est considérablement aggravée depuis l’intervention américaine. Loin d’unifier le pays sous la bénédiction de la « démocratie occidentale », les États-Unis et leur gouvernement de marionnettes n’exercent une sorte de contrôle qu’à Kaboul et ses environs. Sur le reste du territoire, les conflits entre armées locales se sont intensifiés. Il est de notoriété publique, dans la région, que des seigneurs de guerre indiquent à l’armée américaine dans quelle zone bombarder des « talibans », là où il s’agit en fait de seigneurs de guerres rivaux !

L’impasse
de l’impérialisme
étasunien

Le « chef du gouvernement » afghan, Amid Kharzaï, ne tiendrait pas une semaine sans l’appui de la coalition militaire dirigée par les américains. Les États-Unis dépensent 1 milliard de dollars par mois dans cette occupation  – ce qui comprend les salaires des gardes du corps personnels de Karzaï. Celui-ci peut faire des visites officielles à Berlin, Washington et Londres, mais il n’ose pas se rendre à Hérat, Mazar-a-Sharif ou Zabul.
Contrairement à ce que suggéraient les images diffusées au lendemain de la chute du régime Taliban, les conditions de vie de la masse des Afghans ne se sont pas améliorées, bien au contraire. La pauvreté, la violence et l’oppression des femmes se sont aggravées. L’économie dévastée ne connaît qu’un secteur florissant : celui de la drogue. Face à la barbarie qui gangrène un pays en proie à la dislocation complète, le discours des responsables de l’ONU sur le « processus de transition en cours » sonne comme une très mauvaise farce.
Finalement, l’impasse de l’impérialisme étasunien en Afghanistan illustre bien sa situation à l’échelle mondiale. Son intervention dans un petit pays dévasté ne lui a strictement rien apporté. Par contre, elle a renforcé la déstabilisation de toute la région. Partout, les contradictions qui se sont accumulées au cours de décennies de pillage et d’oppression menacent d’exploser.

J. M.Jérôme Métellus