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Le Manifeste - N° 7 - Juin 2004
Une France sans charbon
Nous assistons actuellement à un éclatement du marché du travail et à son fractionnement. Le noyau de salariés à temps plein et à durée indéterminée est de plus en plus restreint, même si le salariat reste toujours, pour le moment, majoritairement en Cdi.
La dernière mine de charbon française a fermé fin avril. Une
page qui se tourne dans l’histoire de la classe ouvrière. Pourtant, dans l’est
lorrain, secteur politiquement dominé par la droite, un large consensus existait
dans le cadre d’une « entente régionale » pour le maintien de l’activité
minière. À celle-ci correspondaient au début des années 80 encore 50 000 emplois
dont 26 000 directs. Le puits de Creutzwald qui vient de fermer était considéré
comme un des « rentables ». La France continue de consommer 18 millions de
tonnes de charbon. Cette énergie restera présente au moins pour la production
d’électricité. C’est du moins l’avis d’Yves Hockenberger, secrétaire général du
syndicat Cgt des Houillères.
Avec la signature d’un « pacte charbonnier » en 1994, toutes les organisations
syndicales sauf la Cgt ont sacrifié la poursuite de l’activité à des garanties
en faveur des mineurs. Mais l’État trahit ses engagements. Aujourd’hui les seuls
mineurs en activité sont affectés à la réhabilitation et au pompage des eaux qui
devra être maintenu tant que l’exploitation durera en Allemagne. Dans le même
temps, des départs sont possibles dès 42 ans. À partir de 45, ceux qui sont en
fin d’activité sont en « congé charbonnier ». Ils perdent 15 à 20 % par rapport
à un revenu mensuel de 2 000 euros et il leur est interdit de chercher du
travail. À Gardanne, où il y avait une plus forte présence de la Cgt, les
revenus sont supérieurs de 350 euros mensuels environ. Les départs étaient
jusqu’à présent volontaires. La direction pourra dès l’été prochain les imposer.
Les mineurs bénéficiaient du logement gratuit mais ceux-ci ont été vendus à une
SA hlm qui veut leur imposer une participation aux réhabilitations alors que
4 000 de ces logements n’ont pas de chauffage central. Quant à la médecine
gratuite, elle est aussi remise en cause par la séparation entre la branche
maladie et la branche retraite. Des permanences de députés ont été récemment
occupées car la loi sur la fin du régime minier a été adoptée en février. Les
parlementaires liquident Char-bonnages de France mais refusent de fermer le
sous-sol français à l’exploitation charbonnière. Il y aurait d’importants
gisements dans la Nièvre qu’une société britannique veut exploiter en se passant
du régime minier…. Sans commentaire !
Olivier Rubens