debout les damnés de la terre

Le Manifeste - N° 4 - Mars 2004

 

La victoire des ports
et des docks

La victoire remportée par des milliers de travailleurs des ports et docks en France et dans plusieurs pays européens est l’aboutissement de nombreuses grèves et manifestations menées pendant ces deux dernières années, malgré la répression policière.

Les travailleurs portuaires français et européens se sont unis pour rejeter une directive de la CEE visant à déréglementer définitivement l’organisation du travail dans les ports. Le Parlement européen réuni en session plénière a rejeté la Directive européenne qui aurait entériné la déréglementation totale de tous les services portuaires d’Europe.

Une lutte
de trois années

La lutte des travailleurs portuaires européens a été rendue possible grâce au Conseil international des Travailleurs portuaires qui a alerté l’ensemble des travailleurs des ports et des docks européens, dès le mois de septembre 2001, sur le danger que faisait courir la Commission européenne à l’ensemble de la profession ; la Commission proposait le recours à l’« auto-assistance » généralisée pour remettre en cause les emplois qualifiés, les métiers, les règles strictes obtenues de longue lutte en matière de sécurité, de conditions de travail et d’environnement. Dès le mois de novembre, 150 ports étaient en grève contre le projet. Les dockers belges ont joué un rôle moteur pour mobiliser les syndicats hollandais et allemands. Des arrêts de travail de 24 heures ou 48 heures ont suivi dans la plupart des ports, en particulier en France, en Espagne, en Grèce, à Chypre, au Portugal, en Belgique, en Hollande, en Allemagne, en Suède, au Danemark, en Finlande, en Pologne, en Roumanie : un assez bel ensemble de solidarité à l’échelle européenne, et qui prouve qu’une Europe de travailleurs et d’ouvriers combatifs est réalisable quand le besoin s’en fait sentir.
Quatre manifestations de plusieurs milliers de personnes ont été organisées à Bruxelles, et à Strasbourg devant le Parlement européen, à Rotterdam et à Barcelone. Chaque fois, ces manifestations se sont heurtées à des moyens policiers considérables, dans ce domaine il n’y a pas de doute quant à la réalisation de l’Union européenne…

Les moyens
de la victoire

Les travailleurs et les syndicats CGT ont réalisé d’énormes efforts pour se donner les moyens de la lutte : moyens humains, mais aussi moyens financiers. La Fédération a assuré une solidarité financière, relayée par des collectes et des souscriptions, sans aucune autre aide extérieure. La Fédération et les syndicats CGT sont intervenus auprès de chaque groupe politique au Parlement européen pour dénoncer la nocivité du projet et les risques d’une généralisation du conflit puisque rien ne serait réglé si la directive était votée. Les autres syndicats européens ont défendu la même position.
Le 20 novembre 2003, le Parlement de Strasbourg a enfin rejeté la directive européenne par 229 voix contre, 209 voix pour et 16 abstentions.
Le projet visait à éliminer les travailleurs portuaires reconnus par les conventions internationales du travail, faire disparaître leurs statuts sociaux au profit d’une embauche disqualifiée et inorganisée plus profitable et bien plus malléable.
Ce succès collectif, national mais aussi européen, a des allures exemplaires. « (Il donne) des raisons d’espérer, de s’unir et de combattre à tous les exploités, les sans grade, les humiliés épris de justice, de dignité et de démocratie. »

Informations communiquées par la Fédération Nationale des Ports et Docks CGT
Et des transports, entrepôts des magasins généraux et publics, manutention des fleuves, rivières, canaux, aéroports et villes de France, des territoires et départements d’outre-mer, ports de plaisance, entreprises de propreté.