à vif...

Le Manifeste - N° 4 - Mars 2004

 

Ont-ils jamais fait autre chose
Que dévaliser le travail ?

Il est à la mode dans les milieux du patronat et de son gouvernement en gilet rayé, d’invoquer l’urgente nécessité de revaloriser le travail et, dans la même urgence et la même nécessité, la baisse du coût du travail sans que nul ne souligne la contradiction entre ces deux priorités, comme s’il était naturel que le coût d’un produit n’ait aucun rapport avec sa valeur. Ne serait-ce pas que le travail, parce qu’il permet de se structurer et de s’intégrer dans la société, est tellement gratifiant qu’il trouve en lui-même son propre salaire ? Les patrons estiment sans doute qu’il leur suffit de « donner » du travail pour être des bienfaiteurs et qu’il serait d’une indécente ingratitude de leur réclamer en plus un salaire. Le problème, dans ce don du travail, c’est de savoir qui donne : est-ce celui qui exécute le travail ou celui qui l’exploite ? La vraie valeur du travail n’est-elle plus la valeur qu’il ajoute au produit qu’il transforme et qui s’échange en partie contre un salaire et non que la seule valeur d’usage à l’usage exclusif du patronat ? Mais je dois tout ignorer de l’entreprise et je jette sûrement sur elle la vision étriquée d’un intellectuel toujours aveuglé par un œil marxiste, comme le disait naguère, avec un rien de puanteur poujadiste dans la bouche, Monsieur Mer, ministre du MEDEF détaché à l’Économie et aux Finances, ancien serial killer d’emplois dans la métallurgie.

Bernard-G. Landry