Le Manifeste - N° 3 - Janvier 2004

 

Éditorial

Sous notre propre drapeau !
 

Ça bouge un peu à gauche. Ce n’est pas encore la révolution, (nous n’en sommes vraiment pas là…), mais il y a quelques évolutions. Côté PS, rien de neuf. Au contraire, malgré sa déroute du 21 avril 2002, la direction s’enferre dans la voie du « libéralisme » maastrichien.
Chez les Verts, la majorité (écartant l’option de gauche) a choisi de rester dans le giron du PS pour les régionales.
Au PCF, de nombreux militants ont opté pour des listes autonomes au 1er tour dans plusieurs régions et notamment en Ile de France, Nord-Pas-de-Calais et Picardie. Cela montre que beaucoup, sinon la grande majorité des membres du PCF, veulent tourner la page des reniements et des alignements. C’est un choix courageux qui pose par lui-même la question du contenu politique. Il y aura beaucoup à faire de ce point de vue pour renouer avec une politique communiste.
Lors de son meeting à la Mutualité, Marie-George Buffet a affirmé qu’il faudrait reposer la question de « l’appropriation collective des moyens de production ». Après des années de dérive où on nous chantait les vertus des ouvertures de capital dans les entreprises publiques, le PCF va devoir s’atteler sérieusement à la tâche s’il veut retrouver quelque crédibilité auprès des travailleurs.
Car c’est bien la question centrale. L’histoire d’’Executive Life montre que les affaires sont trop sérieuses pour les laisser aux mains des affairistes. Avant d’être privatisées, les entreprises nationalisées ont été vidées de leur contenu et mises en coupe réglée au profit des grands capitalistes et de leurs commis, genre Pineau-Valenciennes ou Peyrele-vade…
Pour de vraies appropriations, il faut en finir avec le règne du secret des affaires qui couvent toujours des scandales. Il faut que les travailleurs s’approprient tous les pouvoirs et puissent contrôler la gestion et se faire entendre.
Mais pour remettre ces idées à l’ordre du jour, il faudra bien sûr s’affranchir des dogmes néo-libéraux de l’Europe actuelle.
À l’extrême gauche, LCR et LO essayent par leur union de capitaliser l’influence conquise grâce au terrain libre que leur a laissé la dérive du PCF et son affaiblissement. Mais c’est loin d’être l’heure du « grand parti des travailleurs ». D’ailleurs peut-on imaginer que celui-ci naisse ex-nihilo, en faisant une croix sur ce qui existe. D’autant que ce rapprochement n’est pas sans quelques ambiguïtés quant aux débats de fond. Par exemple, l’attitude face à la construction capitaliste de l’Europe ou la position au deuxième tour. Et au-delà, le problème de la gauche actuellement en France est-il vraiment d’essayer de réunir tout le monde dans un seul parti ?
La vraie bataille est d’essayer d’avancer par les luttes et le débat, avec tous ceux qui veulent effectivement changer la société, à partir des revendications et d’objectifs anti-capitalistes et anti-impérialistes, permettant de défendre la démocratie et la souveraineté nationale et de rouvrir la perspective au socialisme et au communisme.
Le Manifeste, a pour ambition d’aider à rassembler dans le dialogue et dans l’action les communistes, quel que soit le lieu où ils sont « organisés » et ceux qui sont « inorganisés ».
Avec les deux drapeaux qui sont les nôtres : le drapeau de la révolution française, celui des idées progressistes de la république et de la souveraineté du peuple que nous reprenons à notre compte. Et le drapeau rouge de l’internationalisme et de la révolution mondiale dont le rouge (après avoir souvent pâli) doit retrouver de la vigueur et une nouvelle jeunesse.

Francis Combes, André Gerin, Freddy Huck