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Le Manifeste - N° 2 - Décembre 2003 - Supplément 4 pages
La constitution européenne
contre les peuples
Depuis le 4 octobre, les ministres des Affaires
étrangères des vingt-cinq états membres de la future Union européenne se
réunissent, dans le cadre de la Conférence intergouvernementale (CIG), pour
mettre au point un traité établissant une Constitution européenne.
Leur principal document de travail est le projet concocté, sans aucun mandat des
citoyens, par une « Convention » (sous la présidence de Valéry Giscard
d’Estaing) composée de représentants des gouvernements, des Parlements
nationaux, du Parlement européen et de la Commission européenne.
Sous la pression des pays fondateurs de la Communauté européenne, qui refusent
son « détricotage », ce projet de Constitution devrait être proche du texte
final qui sera soumis à ratification.
Pour que les citoyens puissent juger en toute connaissance de cause, il est
important de les informer et de procéder à un décryptage de ce projet très long
(465 articles), compliqué et souvent confus, même si ses objectifs sont clairs
et précis.
Ce projet est greffé sur le Traité de Maastricht.
Il est conçu, d’après ses promoteurs, comme un pacte entre les citoyens et le
« pouvoir » européen. La confusion entretenue entre Traité et Constitution est
voulue puisqu’il s’agit d’un « Traité établissant une constitution pour
l’Europe ». Une constitution est un ensemble de textes fondamentaux qui
déterminent la forme de gouvernement d’un pays. Bien qu’elle ne soit pas
l’émanation d’une assemblée constituante élue, cette Constitution instaure un
véritable « pouvoir européen » et prépare l’instauration d’un « super état »
européen de type fédéral.
Normalement, une constitution a pour fonction de préciser le cadre général et
les règles institutionnelles en laissant les citoyens exprimer leurs choix. Ce
projet de Constitution européenne est plus contraignant puisqu’il leur enlève
cette possibilité en étant fondée exclusivement sur un socle ultralibéral
immuable à partir duquel sont définies les politiques et les institutions. C’est
une atteinte grave à la souveraineté des citoyens. Une fois adoptée et
appliquée, la Constitution sera bétonnée et on ne pourra plus la retoucher d’ici
« 30 à 50 ans » comme l’a reconnu Giscard d’Estaing. Toute révision ou
modification de la Constitution ne sera possible qu’à l’unanimité des états
membres (IV-7).
Le projet est introduit par un préambule qui présente l’Europe, avec la devise
« Unie dans la diversité », comme une sorte d’Eden où tous les habitants, même
les pauvres, connaîtront le bien-être : « L’Europe désormais réunie entend
avancer sur la voie de la civilisation, du progrès et de la prospérité, pour le
bien de tous ses habitants, y compris les plus fragiles et les plus démunis ;
elle veut demeurer un continent ouvert à la culture, au savoir et au progrès
social et elle souhaite approfondir le caractère démocratique et transparent de
sa vie publique, œuvrer pour la paix, la justice et la solidarité dans le
monde ».
Le Traité comporte la partie constitutionnelle proprement dite, la charte des
droits fondamentaux, les dispositions relatives aux politiques communautaires.
Toute la première partie concerne les objectifs et les compétences de l’Union.
La liste des « va-leurs » est impressionnante : liberté, démocratie, égalité,
état de droit, droits de l’homme, pluralisme, tolérance, justice, solidarité,
non discrimination, paix, bien-être des peuples. S’appuyant sur ces « valeurs »,
l’Union « offre » (c’est le mot utilisé) à ses citoyens « un espace de liberté,
de sécurité et de justice sans frontières intérieures et un marché unique où la
concurrence est libre et non faussée » (II.3). Derrière le vernis des
« valeurs », apparaît le noyau dur de la Constitution, la libre concurrence, qui
devient un but en soi et dont la mise en oeuvre est développée dans la troisième
partie.
Les bonnes intentions et les principes généraux sont listés dans le même
article: développement durable, économie sociale de marché, niveau élevé de
protection et d’amélioration de la qualité de l’environnement, progrès
scientifique, lutte contre l’exclusion sociale, justice et protection sociales,
égalité entre les femmes et hommes, solidarité entre générations, protection des
droits des enfants, respect de la diversité culturelle et linguistique,
sauvegarde du patrimoine culturel. N’en jetez plus, c’est la terre promise !
Ces objectifs louables sont mis en avant par les partisans de la Constitution
qui prétendent y voir un rempart contre le libéralisme. Leur affichage, tout
aussi solennel dans les précédents traités, n’a pas empêché chômage, pauvreté,
restructurations, licenciements, violences policières, chasse aux immigrés,
injustices et discriminations.
Consciente du fossé grandissant entre les citoyens et la construction
européenne, la Convention n’essaie pas d’y remédier en modifiant les politiques
économiques et sociales qui en sont responsables. Elle se contente d’affirmer
des principes de la démocratie représentative et participative, de valoriser les
partis politiques européens qui « contribuent à la formation de la conscience
européen-ne », de vanter le dialogue avec les associations représentatives et la
société civile, de faire référence aux parlements nationaux mais sans leur
donner de pouvoirs supplémentaires sur l’examen et le contrôle des lois
européennes.
Une certaine amélioration est cependant apportée avec « l’initiative citoyenne »
: à la demande d’au moins un million de citoyens de l’Union issus d’un nombre
significatif d’états membres, « la Commission peut être invitée à soumettre une
proposition appropriée sur des questions pour lesquelles les citoyens
considèrent qu’un acte juridique de l’Union est nécessaire » (I-46). Mais cette
« avancée » est immédiatement limitée puisque la Commission n’est pas obligée
d’y donner suite. Ce n’est qu’une possibilité !
Autres points positifs : le renforcement de la lutte contre « toute
discrimination fondée sur le sexe, la race ou l’origine ethnique, la religion ou
les convictions, un handicap, l’âge ou l’orientation sexuelle » (III.8); la
possibilité pour un état membre de quitter volontairement l’Union (I.59) .
Au-delà des aspects institutionnels, économiques et sociaux, le projet de
Constitution comporte également des éléments culturels et même religieux. Il
souligne que l’Union européenne s’inspire des « héritages religieux » de
l’Europe. L’église catholique s ‘est engouffrée dans la brèche pour demander de
faire référence aux « valeurs chrétiennes ». Cette demande est relayée par
plusieurs pays, avec comme chef de file la Pologne, qui a déjà inscrit Dieu dans
sa constitution.
Le caractère fédéral renforcé
Le cadre institutionnel est sensiblement modifié
par rapport au Traité de Nice. Les pouvoirs du Parlement européen sont
renforcés : il acquiert un véritable pouvoir colégislatif avec le Conseil (en
étendant la procédure de codécision de 37 à 80 domaines), élit le président de
la Commission européenne et détient le « dernier mot » sur l’ensemble des
dépenses européennes (I.19). Mais il n’a toujours pas de pouvoir d’initiative en
matière législative.
La présidence tournante du Conseil (tous les six mois) est abandonnée ; le
Conseil européen élit pour deux ans et demi un président, exempt de mandat
national, chargé de représenter l’Union sur le plan international. Nommé par le
Conseil européen, le ministre des affaires étrangères de l’UE est également
vice-président de la Commission (I.20 à 24).
Le nombre de décisions prises à la majorité qualifiée est étendu. Le calcul de
la majorité qualifiée, qui est important pour dégager des majorités ou des
minorités de blocage, est l’objet des principales controverses entre les états
membres. La majorité qualifiée est « constituée des deux tiers des états membres
représentant au moins les trois cinquièmes de la population de l’Union » (I-2),
c’est-à-dire une double majorité, celle des états et celle des citoyens.
L’extension du champ d’application de la majorité qualifiée, qui accentue le
caractère fédéral de l’Union européenne et permet d’imposer à un état membre des
décisions contre son avis, correspond à de nouveaux abandons de souveraineté qui
devraient nécessiter une révision de la Constitution française.
« La Commission européenne devient pleinement l’exécutif politique de l’Union »,
se félicitait Alain Lamassoure, député européen UMP, dans Le Figaro du 16 juin.
Effectivement, même si son président actuel juge que c’est encore insuffisant,
les pouvoirs de la Commission sont sensiblement accrus (I-25 et 26). C’est elle
qui est chargée de « promouvoir l’intérêt général européen » et d’assurer « la
représentation extérieure de l’Union » à l’exception de la politique étrangère.
Elle garde le monopole d’initiative législative et de décision en matière de
concurrence. Elle continuera donc, au nom du respect du principe de concurrence,
et sans tenir compte des questions d’emploi, de décider seule l’autorisation des
concentrations ou l’interdiction des aides d’état.
La Convention prévoit une Commission limitée à quinze membres à partir de 2009
mais de nombreux états membres ont réclamé un commissaire par état membre. Le
président de la Commission européenne est désormais élu par le Parlement
européen sur proposition du Conseil européen. Son rôle est renforcé puisqu’il
lui revient de définir « les orientations dans le cadre desquelles la Commission
exerce sa mission ».
Chargée d’assurer « le respect du droit dans l’interprétation et l’application
de la Constitution » (I-28), la Cour de Justice européenne veille surtout à une
bonne application des textes législatifs européens dans les états membres dans
le strict respect de la concurrence. Son rôle ne peut que s’accroître puisque
l’ensemble des institutions nationales politiques et judiciaires serait
subordonné progressivement aux juridictions européennes. C’est ainsi que
l’article I-10 précise : « La Constitution et le droit adopté par les
institutions de l’Union dans l’exercice des compétences qui lui sont attribuées
ont la primauté sur le droit des états membres ».
Une Charte au rabais
La charte dite des droits fondamentaux de l’Union
n’apporte aucun véritable droit nouveau par rapport aux législations nationales
et conventions internationales existantes et ouvre même la voie à des reculs
dans certains domaines. D’après de nombreux juristes, elle est en contradiction
sur de nombreux points avec les principes de la République française qui ont
valeur constitutionnelle.
Dès le début, la charte a été conçue par les partisans de l’Europe fédérale
comme le premier jalon d’une future constitution européenne. Ils ont
effectivement réussi à l’intégrer dans le projet de Constitution et à la rendre
juridiquement contraignante. Quand on connaît les arrêts de la Cour de Justice,
essentiellement préoccupée par le respect des règles de concurrence, le risque
est grand de voir la Charte utilisée pour mettre en cause ou réglementer des
droits acquis par les luttes sur le plan national et pour dépouiller les
parlements nationaux de leurs prérogatives.
La faiblesse de son contenu, résultat d’un compromis entre les partis
sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens, fait effectivement craindre tous les
dangers. Certes, elle affirme placer « la personne au cœur de son action »,
s’oppose à la peine de mort et à la torture, interdit l’esclavage et le clonage
humain reproductif, reconnaît la liberté d’expression et d’information, la
liberté de conscience et de religion, les droits des enfants et des personnes
âgées.
En matière de droits civils, elle reprend pour l’essentiel les conventions
internationales. Mais elle constitue le plus souvent un recul en matière de
droits sociaux par rapport à de nombreuses législations nationales et même par
rapport à la charte sociale du Conseil de l’Europe. Le « droit au travail »
n’est pas reconnu, la charte y substitue « le droit de travailler et d’exercer
une profession librement choisie ou acceptée » et « le droit d’accès aux
services de placement ». Elle ajoute : « Tout citoyen a la liberté de chercher
un emploi, de travailler ». Les chômeurs apprécieront cette « liberté » ! Le
droit à un revenu garanti ou à une rémunération équitable est ignoré. Le droit
au logement devient « le droit à une aide au logement ». Les droits syndicaux
sont à peine mentionnés mais « la liberté d’entreprise est reconnue » et la
liberté des capitaux assurée. Les droits des étrangers non communautaires sont à
peine abordés. Quant au « droit à la paix », il n’est pas considéré comme un
droit fondamental.
Au-delà de ces manques criants, des droits reconnus dans la charte n’empêchent
pas les gouvernements de les bafouer régulièrement. Les exemples sont nombreux :
le respect du pluralisme et de la liberté des médias sont mis en cause par le
mouvement de concentration dans toute l’Europe ; le « droit d’asile est
garanti » et les « expulsions collectives interdites » mais ces « engagements »
n’empêchent pas les Ministres de l’Intérieur des Quinze de suivre l’exemple de
Sarkozy en organisant des « charters européens » pour expulser des étrangers ;
le droit d’accès aux prestations sociales est reconnu mais de nombreux
gouvernements veulent casser les systèmes de sécurité sociale et de retraite.
Toutefois, même si elles n’ont pas empêché la charte de porter l’empreinte d’une
politique libérale, les actions menées dans toute l’Europe ont réussir à imposer
des garde-fous avec l’article II-53 qui stipule : « Aucune disposition de la
présente Charte ne doit être interprétée comme limitant ou portant atteinte aux
droits de l’homme et libertés fondamentales reconnus, […] par le droit de
l’Union, le droit international et les conventions internationales […] ainsi que
par les constitutions des états membres ».
Le noyau dur libéral
La partie III du projet sur « les politiques et le
fonctionnement de l’Union » compte 342 articles.
On y retrouve les éléments essentiels du Traité de Maastricht qui forment
désormais le noyau dur de la Constitution qui vise à légaliser le capitalisme et
à empêcher toute possibilité de changement de société conçu comme une
alternative au capitalisme.
Le fil rouge de ce socle libéral est la libre concurrence. L’article III-69
précise que la politique économique est conduite « conformément au respect du
principe d’une économie de marché ouverte où la concurrence est libre ». Pour
bien enfoncer le clou, ce principe est répété à l’article III-70. Au nom de la
libre concurrence, est organisée la chasse aux aides d’état : « Sont
incompatibles avec le marché intérieur dans la mesure où elles affectent des
échanges entre les états membres, les aides accordées par les états membres ou
au moyen de ressources d’état sous quelque forme que ce soit qui faussent ou qui
menacent de fausser la concurrence en favorisant certaines entreprises ou
certains produits » (III-56).
C’est au nom de la libre concurrence que les Conseils européens successifs ont
décidé d’accélérer le processus de déréglementation et de libéralisation dans
tous les secteurs : transports, énergie, poste, télécommunications, aéroports,
ports.
Considérés comme les principaux pôles de résistance à la libéralisation, les
services publics et les entreprises publiques sont dans le collimateur. Certes,
il semble que la Constitution reconnaisse leur rôle et leur place à l’article
III-6: « Eu égard à la place qu’occupent les services d’intérêt économique
général en tant que services auxquels tous dans l’Union attribuent une valeur
ainsi qu’au rôle qu’ils jouent dans la promotion de sa cohésion sociale et
territoriale, l’Union et ses états membres [...] veillent à ce que ces services
fonctionnent sur la base des principes et dans des conditions, notamment
économiques et financières, qui leur permettent d’accomplir leurs mission ». En
fait, cet article réduit les services publics à des « services d’intérêt
économique général » et les insère dans l’économie de marché où ils ne peuvent
bénéficier que de dérogations précisées dans les articles III-17-55-56.
L’article III-55 insiste : « Les entreprises chargées de la gestion de services
d’intérêt économique général ou présentant le caractère d’un monopole fiscal
sont soumises aux règles de concurrence ». Même les collectivités locales ne
sont pas épargnées avec le risque de perdre la liberté d’organiser ou de
déléguer des services publics locaux de leur choix au nom d’appels d’offre
conçus sur le modèle libéral.
En matière de politique économique et monétaire, les gouvernements comme les
parlements nationaux élus sont dépossédés du véritable pouvoir. Les « gardiens »
sont la Commission européenne qui veille à la stricte application du pacte de
stabilité par la lutte contre les déficits publics (III.76) et la Banque
centrale européenne dont « l’objectif principal est la stabilité des prix »
(III.77). Otage des marchés financiers, elle est totalement indépendante, sans
contrôle démocratique, hors d’atteinte de tout pouvoir politique. L’article
III.80 précise : « Ni la Banque centrale européenne, ni une banque centrale
nationale [...] ne peuvent solliciter, ni accepter des instructions des
institutions de l’Union, des gouvernements des états membres ».
Cette indépendance de la Commission et de la Banque centrale ne les empêchent
pas de donner des leçons aux gouvernements et de leur faire des recommandations
(voire des injonctions) pour réformer les systèmes de retraite et de protection
sociale, s’attaquer aux « rigidités » du marché du travail (c’est-à-dire
précariser et flexibiliser) et « modérer » les salaires.
La politique économique et monétaire, mise en œuvre dans les conditions
précisées par la Constitution, rend illusoire, voire impossible, le respect des
objectifs sociaux rappelés dans l’article I-3 et développés dans les articles
III-97 à 115. Effectivement, les politiques sociales doivent être subordonnées
aux droits de la concurrence, « compatibles avec les orientations des politiques
économiques des états membres et de l’Union » (III-98) et contribuer à
promouvoir l’adaptabilité et l’employabilité de la main d’œuvre (III.97).
L’objectif fixé est d’atteindre « un niveau d’emploi élevé » et l’égalité des
conditions sociales « dans le progrès ». Mais cet objectif devient un vœu pieux
quand les politiques économiques et sociales, fondées sur « le maintien de la
compétitivité » (III.103), se traduisent par une augmentation du chômage,
notamment dans la zone euro, la déréglementation sociale et la casse des acquis
des luttes. Même des recommandations positives peuvent se traduire par des
reculs sociaux. C’est ainsi que le principe de l’égalité de traitement
hommes-femmes a été utilisé pour abolir l’interdiction du travail de nuit des
femmes !
Les politiques d’immigration et d’asile (III-166 à 169) s’inscrivent dans une
logique utilitaire, sécuritaire et répressive.
Pour être complet, il faudrait analyser les articles consacrés aux autres
secteurs (agriculture, industrie, énergie, transports etc.) qui sont tous
marqués du sceau du libéralisme.
Quant aux relations commerciales, c’est encore le principe du « commerce libre »
qui prime. Au lieu d’être un rempart, l’Union européenne est le « cheval de
Troie » de la mondialisation capitaliste où, comme l’ont montré les récentes
négociations à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la production de biens
et de services doit relever du droit commun du libre commerce des marchandises.
Toutefois, le projet intègre des politiques communes qui ont fait la preuve de
leur efficacité : l’environnement avec la reconnaissance du « principe de
précaution » (III.129) et la protection des consommateurs (III.132). Par contre
la culture n’a droit qu’à un seul article (III.181) aux objectifs limités : « L’Union
contribue à l’épanouissement des cultures des états membres dans le respect de
leur diversité nationale et régionale, tout en mettant en évidence l’héritage
culturel commun ». Ni l’aide à la création, ni l’exception culturelle n’y sont
reconnues.
La défense européenne arrimée à l’OTAN
Le projet de la Convention pousse à la
militarisation de l’Union et s’inscrit dans une logique de militarisation des
relations internationales. Le ministre des Affaires étrangères de l’Union serait
chargé d’exécuter la politique étrangère et de sécurité commune avec le risque
de mettre en cause les droits des gouvernements de définir leur politique
étrangère. Pousser cette démarche jusqu’au bout pourrait empêcher la France de
prendre position sur les questions internationale, comme elle l’a fait sur
l’Irak.
En matière de défense, deux points méritent attention. « Les états membres
s’engagent à améliorer leurs capacités militaires » précise l’article I.40.
C’est une réponse directe aux pressions étasuniennes pour une augmentation des
budgets militaires au détriment des dépenses sociales. En même temps, une
politique de défense commune devrait permettre d’assurer à l’Union une capacité
opérationnelle des moyens civils et militaires qui pourront être utilisés
en-dehors de l’Union « afin d’assurer le maintien de la paix, la prévention des
conflits et le renforcement de la sécurité internationale ». Cette politique
doit respecter « les obligations découlant du Traité de l’Atlantique Nord ».
Pour mettre en œuvre une coopération en matière de défense mutuelle, « les états
membres travailleront en étroite coopération avec l’OTAN » (I.40). L’OTAN, qui
est l’instrument essentiel de domination des États-Unis, se voit donc attribuer
un rôle et un droit de regard sur la politique étrangère et de défense
européenne.
RÉSOLUMENT NON
Ce projet de Constitution opère un véritable saut
qualitatif par rapport aux précédents Traités. Il consacre la domination
économique, mais aussi politique, du capital.
La Convention a fait le choix d’ancrer l’Union européenne dans la mondialisation
capitaliste en faisant du marché et de la concurrence le socle de sa
construction.
Certains partis et associations formulent des exigences ou avancent des
propositions pour « rendre acceptable » le Traité. Cette politique des petits
pas est une illusion et un piège ! Ce sont les mêmes qui proposent d’améliorer
et de réguler la mondialisation capitaliste.
La seule réponse progressiste à ce projet de Constitution, ce n’est pas « non,
mais » ou « oui, si » mais un « non résolu ».
Pour que les citoyens puissent décider en toute clarté et en toute connaissance de cause, il faut un référendum. Un référendum pour dire : NON
Un dossier réalisé
par Jean-Paul Le Marec