Le Manifeste - N° 2 - Décembre 2003

 

Editorial

Unité
des communistes
dans l’action
 

Depuis le printemps dernier, quelque chose a commencé à changer en France. Un formidable mouvement de contestation du libéralisme est en train de prendre forme au plan national. Chacun peut également observer autour de soi une évolution de l’état d’esprit général, souvent à travers des petits rien de la vie quotidienne. Comment caractériser cette évolution ? Deux traits émergent : la politique de la droite ne passe pas, mais les Français n’attendent rien d’une hypothétique alternance de gauche pour gérer en boucle les affaires du capital. Cette évolution a des conséquences contradictoires : d’un côté un rejet grandissant de la politique institutionnelle, une dérive vers le FN et l’abstention, de l’autre une prise de conscience qu’il faut rapidement et sérieusement travailler à une alternative si l’on veut faire cesser l’avalanche des mauvais coups.
Cette seconde conséquence peut s’avérer salutaire pour tous ceux qui, sous l’identité communiste, veulent en découdre avec le capitalisme en mettant en cause radicalement ses fondements. Le mouvement populaire s’oppose à la gestion libérale du capitalisme et commence à en prendre conscience. Un champ réel – qu’il ne faut naturellement pas surestimer, mais pas non plus sous estimer – s’est ouvert pour porter des idées, des conceptions communistes dans le mouvement et en débattre avec ses acteurs. Le capitalisme est en perte de légitimité et de crédibilité. Les valeurs du socialisme et du communisme demeurent d’actualité. Si l’histoire a infirmé certaines d’entre elles, elle a au moins confirmé celle ci : le mouvement populaire peut gagner en force quand il agit en conscience de cause.
Démonter les rouages du capitalisme, mettre en lumière le virus libéral, montrer l’étendue des dégâts qu’il commet et pointer la voie pour avancer vers une autre société, construire un vrai projet communiste, voilà bien le dénominateur commun qui peut unir tous les communistes, qu’ils soient ou non membre du PCF. De même, il n’est pas un militant qui ne sache d’expérience l’importance de s’inscrire dans toutes les actions concrètes aux ambitions si modestes soient-elles, pour faire le lien entre résultats immédiatement bénéfiques et perspective de changements radicaux.
Et le PCF ? se demandent beaucoup. Il faut voir les choses en face. Le PCF joue son avenir. Certains estiment qu’il est mort, d’autres pensent qu’il peut rebondir comme force politique. Ce débat n’est pas secondaire. Il n’empêche personne, aujourd’hui, d’adopter une attitude audacieuse de militant communiste sur la scène de nos réalités nationales. Il est impérieux de redonner ses couleurs au courant révolutionnaire sans préjuger de l’avenir.

Francis Combes, André Gerin, Freddy Huck