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Le Manifeste - N° 1 - Novembre 2003
Libérer Mumia
Angela Davis dénonce la mondialisation capitaliste
Accompagnée de Pam Africa, Julia Whright, Robert Ryan, avocat de Mumia, Angela Davis a reçu le 4 octobre la médaille de citoyen d’honneur de la ville de Paris décernée à Mumia Abu-Jamal, journaliste noir américain injustement condamné à mort en 1982.
Après avoir rappelé que la mobilisation internationale avait
permis sa libération, il y a trente ans, Angela a prononcé une allocution
montrant que le combat pour la libération de Mumia rejoint la lutte contre la
mondialisation du capitalisme. En voici les principaux extraits :
« Le mouvement pour la libération de Mumia Abu-Jamal, qui se trouve depuis plus
de 30 ans dans le couloir de la mort, prend un nouveau sens au regard de
l’unilatéralisme américain, l’agression contre le peuple irakien et les attaques
racistes à l’encontre des immigrés qui ne font que ronger davantage les vestiges
de la démocratie en Amérique.
Beaucoup d’espoir pour un monde meilleur
Mumia nous a guidés en nous montrant comment faire notre deuil
des victimes du 11 septembre de la meilleure façon qui soit : un deuil non
empreint de nationalisme, de xénophobie et de violence mais plutôt en gardant à
l’esprit une volonté de paix et de solidarité mondiale. Mumia nous a montré
comment dénoncer la guerre et la violence
d’État qui est complémentaire de la violence épidémique faite aux corps des
femmes […]
Ce qui nous a le plus touchés chez Mumia Abu-Jamal c’est son sens profond de
l’humanité, le fait qu’il soit conscient que sa propre destinée est liée à celle
de milliers d’hommes et de femmes qui sont dans le couloir de la mort aux
États-Unis et de par le monde.
La peine de mort perdurera dans tous ces pays tant que les États-Unis refuseront
de mettre un terme à ce châtiment cruel et anti-démocratique.
Mumia dénonce aussi l’impact du capitalisme à l’échelle mondiale, la pauvreté
croissante des pays du Sud et le fossé qui s’accroît entre les riches et les
pauvres des pays du Nord. Il dénonce les attaques faites aux femmes, le racisme
institutionnel ainsi que le taux d’incarcération croissant de ceux qui sont
considérés comme des populations dont on peut disposer à sa guise.
Mumia comprend que son destin est lié à celui de ceux qui sont victimes du
complexe industriel des prisons dont la relation symbiotique avec le complexe
industriel militaire doit nous alerter.
Ceux qui se battent pour la libération de Mumia veulent sauver sa vie mais ils
veulent aussi beaucoup plus ; ils veulent mettre fin à la peine de mort, à la
guerre, au racisme, à l’inégalité des femmes ainsi qu’à la mon-dialisation du
capitalisme qui écrase les travailleurs de par le monde.
Cela représente beaucoup d’es-poir pour un monde meilleur ».
Le 8 octobre, la Cour suprême de Pennsylvanie a rejeté en bloc les appels
interjetés par la défense de Mumia sous prétexte que « son innocence est hors
sujet ». Il faut donc poursuivre et renforcer la mobilisation pour la libération
de Mumia. Rendez-vous tous les mercredis de 18 h à 20 h, place de la Concorde,
face au consulat des Etats-Unis et à la manifestation à Paris le samedi 13
décembre 2003.
Pour plus de renseignements, consultez le site :
http://www.mumiabujamal.net
Jean-Paul Lemarec