LA TERRE N'APPARTIENT QU'AUX HOMMES

Le Manifeste - N° 1 - Novembre 2003

 

Les dockers en lutte

Une directive européenne permet l’ouverture des services portuaires à la concurrence. La lutte s’engage dans les ports européens.
En mars 2000, le Conseil européen de Lisbonne (auquel participaient Jacques Chirac et Lionel Jospin) avait décidé de donner un coup d’accélérateur aux libéralisations en cours. La Commission européenne a mis cette décision en musique. Après les transports, les télécommunications, l’énergie et la poste, elle a proposé l’ouverture des services portuaires à la concurrence : pilotage, amarrage, manutention, remorquage, lamanage. La directive introduit notamment le nouveau principe de « l’auto-assistance ». C’est-à-dire la possibilité pour un armateur de charger et décharger ses marchandises avec son propre personnel le plus souvent moins formé, moins rémunéré et sans convention collective. Les dockers se trouveraient confrontés à un « dumping social » mettant en cause leurs acquis, leurs rémunérations, leurs conditions de travail et leur emploi. Comme l’a souligné un docker d’Anvers : « L’Europe ne peut pas se construire sur le désert de la précarité avec de la main d’œuvre importée à pas cher ». La directive porte également atteinte aux missions de ser-vice public avec des répercussions néfastes sur les normes écologiques, la sécurité et les conditions sociales de tous les personnels des ports. Daniel Lefebvre, secrétaire général de la Fédération CGT des Ports et dockers, précise : « Il en va non seulement de nos droits et statuts, des conditions de travail et des qualifications mais également de nos emplois. Sous couvert de “compétitivité”, l’application de la directive conduirait tout droit à des plans sociaux massifs dans nos ports ».

Contre la déréglementation européenne

Dès l’annonce de cette directive, la lutte s’est engagée dans tous les ports européens à l’initiative du Conseil international des travailleurs por-tuaires créé (avec la participation de la CGT) en-dehors des structures de la CES. L’examen de cette directive au Conseil des ministres des Transports des quinze et au Parlement européen a été ponctué de nombreuses actions ; le 10 mars 2003 devant le Parlement européen des milliers de manifestants sont venus de toute l’Europe. L’accord récent entre le Conseil des ministres et le Parlement européen a provoqué de puissantes manifestations le 30 septembre à Barcelone et Rotterdam contre la « déréglementation euro-péenne », contre la directive et pour empêcher sa ratification par les parlementaires européens qui conduirait à sa mise en œuvre.

Kilian Merac