IL N'EST PAS DE SAUVEUR SUPREME

Le Manifeste - N° 0 - Septembre 2003

 

Staline
Il y a 50 ans mourait Staline, et alors ?

Réduire Staline et le stalinisme à la terreur policière, à la répression de masse, à l'assassinat des communistes : c'est passer à côté de l'essentiel, c'est courir le risque d'une collusion moraliste avec la bourgeoisie. Loin de moi l'idée monstrueuse de considérer les crimes de Staline et du stalinisme, désormais incontestables, comme inévitables ou pire comme acceptables dans la marche au communisme.
Staline et le stalinisme c'est avant tout une politique. Une des pistes pour en comprendre les fondements se trouve dans ce que l'on pourrait appeler les « thèses de mars » en opposition aux thèses d'avril 17 de Lénine.
À la conférence bolchevique du 28 mars Staline déclare : « Le soviet a pris en fait l'initiative des transformations révolutionnaires […] Mais le gouvernement provisoire a pris en fait le rôle de consolidateur des conquêtes du peuple révolutionnaire. » Ce qui le conduit à proposer une stratégie opportuniste des plus classiques : « Dans la mesure où le gouvernement provisoire consolide les progrès de la révolution, il faut le soutenir. » Stratégie génératrice de confusion et d'illusion qui fera depuis ses preuves dans d'autres pays dont la France. Mais revenons au Staline de mars 17. Il préconise le compromis historique : « Nous n'avons pas avantage pour l'instant à forcer la marche des événements ». Pour arrêter la guerre impérialiste, que le gouvernement provisoire poursuit, il propose : « de faire pression sur le gouvernement provisoire en exigeant qu'il se déclare d'accord pour l'ouverture immédiate de pourparlers de paix ». Si Staline ne dit pas qu'il faut savoir terminer une révolution bourgeoise, c'est ce qu'il propose en appelant de ses vœux l'élection d'une Assemblée constituante : « seule institution faisant autorité pour toutes les couches de la société et susceptible de couronner l'œuvre de la révolution ».
Voilà la réalité sans fard de Staline et du stalinisme. Il s'agit d'une tendance pseudo-marxiste, centriste comme disait Lénine, qui s'inclina en avril 17 et qui prendra le pouvoir grâce aux ravages de la guerre civile imposée par les impérialistes, grâce à la défaite de la révolution allemande en 1923, et en s'appuyant sur la montée en puissance de la bureaucratie, seule couche sociale valide après la guerre civile et contre laquelle Lénine mena son dernier et inachevé combat.
La revanche de ce courant centriste et réformiste sur le courant communiste sera marquée par une double destruction politique et humaine. Voilà pourquoi en vivant tel un cancer sur les bases jetées par la Révolution d'octobre, ce courant a assassiné des millions de communistes, a détruit le parti bolchevique et a aidé l'impérialisme dans sa guerre contre l'URSS.
50 ans après la mort de Staline, à l'heure où le stalinisme est politiquement mort, à l'heure des puissantes luttes contre la guerre impérialiste permanente que le capitalisme impose aux peuples du monde, finalement le communisme demeure la seule force capable d'impulser la libération de la barbare dictature du capital.

Émile Fabrol