LE MONDE VA CHANGER DE BASE |
Le Manifeste - N° 0 - Septembre 2003
Palestine :
«Feuille de route » ou «Mur de la honte» ?
La conquête de l'Irak par les dirigeants nord-américains n'avait
pas pour seul objectif de contrôler le pétrole.
Il s'agissait aussi de remodeler l'ensemble du Moyen-Orient, en soumettant tous
les peuples de la région aux désirs de Washington. Et notamment le peuple
palestinien dominé, spolié, dispersé depuis trente ans, qui se bat, à mains nues
parfois contre l'armée d'occupation israélienne, la plus puissante et moderne de
la région.
Depuis la conquête de Bagdad, le plan américain se met en place, sous le nom de
« feuille de route » : journalistes et politiciens français de la droite et du
PS nous le présentent comme une marche vers la paix, qu'empêcheraient les seuls
« extrémistes » des deux camps. Monsieur Bush en colombe, les bourreaux et leurs
victimes enfin réconciliés, Monsieur Sharon sautant au cou d'interlocuteurs
palestiniens enfin plus raisonnables : voilà l'image idyllique que l'on voudrait
nous faire accepter. Mais la réalité est tout autre.
L'illusoire
« projet de paix »
La « feuille de route » même si elle permet un arrêt temporaire des combats, en
échange de la libération de quelques prisonniers palestiniens, ne change rien
aux faits :
· Les territoires palestiniens sont parsemés de dizaines de colonies
israéliennes, qui contrôlent les terres, l'eau et les routes sous la protection
des soldats d'Israël.
· L'armée israélienne a déjà construit 150 kilomètres de murs électrifiés autour
des villages de Palestine, et envisage d'en doubler la longueur : tout un peuple
enfermé derrière une clôture baptisée « mur de l'apartheid » par les pacifistes
israéliens.
· Les villes et les camps de Palestine à Gaza et en Cisjordanie, sont surpeuplés
de chômeurs miséreux et de salariés qui n'ont un travail que si les Israéliens
leur laissent franchir les contrôles : un état palestinien créé sur ces bases
n'aurait aucun sens, ne serait qu'une hypocrisie, digne des anciens «
bantoustans » dans lesquels les racistes sud-africains enfermaient autrefois le
peuple noir.
Aucun Palestinien digne de ce nom ne peut croire l'illusoire « projet de paix »
américain qui a pour but de garantir la pérennité de la colonisation israélienne
en échange de quelques concessions de détail. Les Palestiniens parfois réduits
au désespoir, qui résistent comme ils le peuvent, ne sont ni des terroristes, ni
des fanatiques intégristes : leur résistance est légitime dans son principe et
le restera tant que durera la colonisation en Palestine. En tant que
communistes, nous ne pouvons qu'approuver et soutenir cette volonté de
résistance à l'oppression : elle est une des composantes essentielles du combat
mondial contre l'impérialisme et pour la liberté des peuples.
Francis Arzalier